C’est le 25 avril 1849, en Savoie alors encore italienne, au petit hameau Les Rubathiers, du village de Loisieux, que le jeune Nizier
Anthelme Philippe naît dans la nuit, à 3h du matin. Les éléments sont déchaînés. Le hameau est secoué par un violent orage pour enfin laisser place à une grande étoile très brillante. C’est une modeste maison de paysans qui accueille cet enfant exceptionnel. Car, il est exceptionnel. En effet, quelques mois auparavant, le Saint Curé d’Ars, croisant la future mère lui annonce :
« Dans quelques temps, tu auras un fils, et il montera très haut »
Ses parents, Marie et Joseph, car il fallait que ses parents se prénomment ainsi, pour que cette âme exceptionnelle puisse s’incarner, accueille leur premier-né qui sera l’aîné de 5 enfants.
Dès son plus jeune âge, le curé du village remarque que le jeune Philippe est différent de ses petits camarades de jeu. Il est vif et intelligent et déjà, il accomplit ce que l’on peut considérer comme des miracles. Si un écolier se sent mal, le simple fait de se tenir à côté du jeune Philippe le remet sur pied. Quand son père l’envoie garder le troupeau, à l’aide d’une baguette, il forme un cercle autour des bêtes, et pas une ne se sauve. Et si ses parents n’ont pas conscience du potentiel de leur enfant, le curé du village qui l’a pris en affection et qui décèle en lui de grandes capacités, le pousse à faire des études. Il a 14 ans, et il part donc pour Lyon. Hébergé chez son oncle maternel, sur les pentes de la Croix Rousse, il va l’aider à la boucherie. Gagnant quelques sous, cela va lui permettre de s’inscrire à l’Institution Sainte Barbe, où là aussi, on aura tôt fait de remarquer ce jeune homme brillant qui obtient son certificat de grammaire.
C’est donc auprès des canuts qu’il va avoir la possibilité d’exercer à nouveau son art miraculeux et il se rend compte que ses facultés se sont exacerbées. Il reçoit cette population de travailleurs laborieux Place Croix Paquet, leur consacrant ses quelques heures de liberté. Il guérit les corps, il guérit les âmes. Alors âgé de 16 ans, il ramène à la vie le fils d’un ami, à Gorge de Loup. D’une voix forte et tendre, lorsqu’il ordonne « lève toi », le défunt se redresse aussitôt…..
Il ne délaissera jamais les quartiers pauvres de la « Colline où l’on travaille », mais il recevra aussi dans une salle à Perrache, et lors du conflit de 1870 où il est incorporé dans la « Légion de Marche », ses patients ont vite fait de demander sa libération au Préfet de l’époque. Un nouveau quartier voit le jour aux Brotteaux. Il y donne aussi des séances au 117 rue Vendôme, 5 rue Masséna, rue Duquesne et au 4 boulevard du Nord (l’actuel boulevard des Belges).
C’est dans les années 1874-1875, qu’il s’inscrit à la Faculté de Médecine et de Pharmacie, et par le fait, fréquente les salles de malades à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Les « mandarins » voient d’un très mauvais œil, ce jeune étudiant qui intervient de manière étrange auprès de leurs malades, leur évitant l’opération, l’amputation et autre acte chirurgical. Et lorsqu’ils apprennent que ce Philippe qui veut être médecin, n’est qu’un vulgaire guérisseur, il lui est interdit de rester dans les lieux et d’y suivre les cours. Quelques années plus tard, c’est le Tsar Nicolas II qui lui délivrera son diplôme de médecin.
Voilà notre Ami dégagé de tout engagement, et libre de faire les volontés du Ciel. Il se place entre Dieu et les hommes dont Il écoute et soulage les souffrances en recommandant la prière, la charité, la tolérance, la bonté, la charité et surtout ne pas dire du mal, ou calomnier son prochain.
Il fait un beau mariage en 1877, en la personne de Jeanne Julie LANDAR, jeune fille de l’Arbresle, de santé délicate, qu’il guérit. Jeune femme d’un milieu aisé, (la famille possède plusieurs maisons à Lyon et à l’Arbresle), elle aidera Philippe, en mettant sa fortune à sa disposition, lui permettant ainsi de continuer à soigner ses malades gratuitement, de prendre en charge les loyers des plus démunis, les « filles mères » rejetées par la société, et tous ceux qui viennent à lui pour implorer son aide.
De cette union heureuse naît deux enfants : Victoire le 11 novembre 1878 et Albert le 11 février 1881. Albert vécut quelques mois. Victoire s’éteindra dans sa 25éme année. Epreuve douloureuse qui anéantit le père de cette âme cristalline….mais dira-t-il, « Quand un soldat tombe, il faut serrer les rangs… »
Le couple s’installe au Clos Landar, à l’Arbresle. Le Maître se rend à Lyon pour assurer les séances du 35 rue Tête d’Or, immeuble qu’il tient donc de son épouse. Il travaille aussi dans son laboratoire de la rue du Bœuf, élabore médicaments, potions et autres remèdes qu’il donne à ses patients.
Sa notoriété traverse la région lyonnaise, la France, et franchit les frontières comme une traînée de poudre. Il est le Père des Pauvres, de tous ceux que la médecine déclare incurables, de tous ceux sans le sou, des désespérés, des rejetés de la société. La salle de séances ne désemplit pas. La plupart du temps, ce sont des gens du peuple qui viennent à Lui. Mais il y a aussi quelques belles dames, dont les richesses matérielles sont inutiles pour obtenir la guérison ou l’aide espérée.
Le Maître sait tout, voit dans les âmes et Il demande à tous la même chose : ne pas médire, ne pas calomnier et aimer son prochain.
Quand les occultistes de l’époque entendent parler de Lui et Le rencontre, ils abandonnent magie, théurgie, orientalisme et autres sciences pour le suivre, Lui qui vénère la Vierge, qui s’en remet entièrement au Père et au Christ et qui déclare : « Il faut lire les Evangiles. Plus vous avancerez, plus ils vous donneront. »
S’Il est reconnu pour services rendus dans de nombreuses cours, auprès de nombreux chefs d’états ou de personnages haut placés, il est calomnié en son pays. D’aucuns ne peuvent comprendre cet homme hors du commun. La faculté le considère comme un charlatan et l’assigne au tribunal. De procès en procès, de guerre lasse, ces scientifiques finissent par le laisser tranquille et lui envoyer tous ceux qu’ils n’arrivent pas à guérir, venant parfois eux-mêmes, en désespoir de cause, pour des membres de leur propre famille.
Ses amitiés étrangères, particulièrement avec la cour de Russie, où le Tsar Nicolas et son épouse, la Tsarine Alexandra, le tiennent en haute estime, lui valent d’être surveillé et épié par les services de la Sûreté Nationale. Ses courriers sont ouverts, sa maison surveillée, son personnel questionné. Une campagne de presse diffamante le traîne dans la boue tant en France qu’en Russie. Parfois, pour voyager, il doit se déguiser….
Le Maître souffre de tout cela, mais la mort prématurée de sa fille Victoire, le 29 août 1904, va l’abîmer plus encore.
Il a dit
« qu’il avait sacrifié sa fille, qu’il s’était enlevé le droit de la guérir et qu’elle était partie pour aplanir le chemin ».
Il l’a rejointe le 2 août 1905…..